sábado, 20 de noviembre de 2010

L’autre avant-garde argentine relève la tête

Paulo A. Paranagua

C’était à Buenos Aires un soir d’octobre aux convergences inattendues. A 19 heures, l’Association argentine d’études sur le cinéma et l’audiovisuel (http://www.asaeca.org/) rendait hommage à une réalisatrice underground, Narcisa Hirsch. Jouant avec son prénom et d’autres références, elle présentait un long-métrage qui mélange les formats, Le mythe de Narcisse, une sorte d’anti-autobiographie.

La cinéaste y apparaît à plusieurs reprises, filmée à divers moments de sa vie, mais refuse obstinément de répondre à son interlocuteur et de livrer une quelconque clé de sa trajectoire atypique. Jeune fille allemande immigrée en Argentine, elle découvre l’underground new-yorkais dans les sixties. Elle s’évertue contre vents et marées à en reprendre l’inspiration à Buenos Aires. Narcisa Hirsch est l’étoile filante d’un cinéma expérimental au féminin que les historiens ont délaissé.

Deux heures plus tard, à quelques pâtés de maison, le documentariste Andrés Di Tella mettait en scène un happening, en hommage à un autre cinéaste underground, Claudio Caldini. Le duo a interprété un numéro épatant, mêlant la lecture à haute voix et la projection simultanée de six films en Super 8 (le format préféré de Caldini), avec musique appropriée.

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La salle bondée du théâtre San Martin n’en revenait pas, comme si la machine de l’Invention de Morel s’était remise en marche pour renouer avec les événements programmés par l’Institut Di Tella, ce Beaubourg avant la lettre qui a contribué à faire de Buenos Aires une des scènes de l’avant-garde artistique des années 1960.

Le rapprochement était inévitable, étant donnée la filiation d’Andrés Di Tella, le talentueux réalisateur de Montoneros, une histoire (1995), La télévision et moi(2002) et Photographies (2007). Pour ceux qui voudraient avoir un aperçu de sa curiosité sans bornes, rien de tel que son blog, où il évoque la collaboration avec Caldini (http://fotografiasdeandresditella.blogspot.com/).

En Argentine, l’avant-garde politique a échoué tragiquement et sa défaite ne cesse de hanter les mémoires. Le double programme de cette soirée magique rappelait qu’à la même époque une autre avant-garde faisait de la résistance contre les idées reçues.

Les rapports entre ces deux avant-gardes ont été conflictuels. Il suffit de rappeler comment l’Heure des brasiers, le documentaire militant de Fernando Solanas, évoquait l’Institut Di Tella en 1968. Ou de lire l’essai de Beatriz Sarlo sur “La nuit des caméras éveillées” dans son lumineux ouvrage La maquina cultural: maestras, traductores y vanguardistas (Ariel).

Le nationalisme argentin prétend que les influences étrangères pervertissent “l’être national”. Cet essentialisme xénophobe, réaction de l’extrême droite contre l’immigration massive, a fini par contaminer une partie de l’extrême gauche, oublieuse que le marxisme est, lui aussi, une “importation”.

Publicado hoy en Le Monde


5 comentarios:

Nicole Lima dijo...

essa foto é uma das minhas favoritas

Cecilia Szperling dijo...

magnifique!

Martin B dijo...

bien ahí!

girlontape dijo...

lindo articulo! y el final: por lo que recuerdo de ciertas banalidades escuchadas por ahí.... coincido. Avanti Claudio, avanti Andrés!

Fotografías dijo...

merci a tous!